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Fonds documentaire sur la vie et l'enseignement
de Frithjof Schuon



passages de Les Perles du pèlerin


Frithjof Schuon

www.frithjofschuon.com

© World Wisdom, Inc.

Cet ouvrage, dont quelques passages sont reproduits
ci-dessous, réunit plus de 150 extraits prélevés
dans les écrits publiés et inédits de Frithjof Schuon.

 

Le paradoxe de la condition humaine, c’est qu’il n’y a rien qui nous soit aussi contraire que l’exigence de nous dépasser, et rien qui soit aussi foncièrement nous-mêmes que le fond de cette exigence ou le fruit de ce dépassement. (p.11)

L’intelligence a beau affirmer les vérités métaphysiques et eschatologiques, l’imagination — ou le subconscient — continue à croire fermement au monde, non à Dieu ni à l’au-delà ; tout homme est a priori hypocrite. La voie, c’est précisément le passage de l’hypocrisie naturelle à la sincérité spirituelle. (p.14)

Ce n’est que par l’intériorité déifiante, quel qu’en soit le prix, que l’homme est parfaitement conforme à sa nature. (p.15)

Pour être heureux, l’homme doit avoir un centre ; or ce centre est avant tout la certitude de l’Un. La plus grande calamité est la perte du centre et l’abandon de l’âme aux caprices de la périphérie. Être homme, c’est être au centre ; c’est être centre. (p.15)

Aimer Dieu n’est pas cultiver un sentiment — c’est-à-dire quelque chose dont nous jouissons sans savoir si Dieu en jouit —, mais c’est éliminer de l’âme ce qui empêche Dieu d’y entrer. (p.17)

L’amour de Dieu, c’est d’abord l’attachement de l’intelligence à la Vérité, puis l’attachement de la volonté au Bien, et enfin l’attachement de l’âme à la Paix que donnent la Vérité et le Bien. (p.18)

Ce n’est pas nous qui connaissons Dieu, c’est Dieu qui se connaît en nous. (p.19)

Est beau, non ce que nous aimons et parce que nous l’aimons, mais ce qui, par sa valeur objective, nous oblige à l’aimer. (p.21)

La beauté, quel que puisse être l’usage qu’en fait l’homme, appartient fondamentalement à son Créateur, qui par elle projette dans l’apparence quelque chose de son être. (p.21)

La perception de la beauté, laquelle est une adéquation rigoureuse et non une illusion subjective, implique essentiellement, d’une part une satisfaction de l’intelligence et d’autre part un sentiment à la fois de sécurité, d’infinité et d’amour. De sécurité : parce que la beauté est unitive et qu’elle exclut, avec une sorte d’évidence musicale, les fissures du doute et de l’inquiétude ; d’infinité : parce que la beauté, par sa musicalité même, fait fondre les durcissements et les limites et libère ainsi l’âme de ses étroitesses ; d’amour : parce que la beauté appelle l’amour, c’est-à-dire qu’elle invite à l’union et partant à l’extinction unitive. (p.22)

La beauté et l’amour de la beauté donnent à l’âme le bonheur auquel elle aspire de par sa nature. Si l’âme veut être heureuse d’une façon permanente, elle doit porter le beau en elle même ; or elle ne le peut qu’en réalisant la vertu, que nous pourrions appeler la bonté ou la piété. (p.23)

Le bonheur, c’est la religion et le caractère ; la foi et la vertu. C’est un fait que l’homme ne peut pas trouver le bonheur dans ses propres limites ; sa nature même le condamne à se dépasser et, en se dépassant, à se libérer. (p.23)

Se dépasser : c’est là le grand impératif de la condition humaine ; et il en est un autre qui l’anticipe et en même temps le prolonge : se dominer. L’homme noble est celui qui se domine ; l’homme saint est celui qui se dépasse. La noblesse et la sainteté sont les impératifs de l’état humain. (p.24)

La foi, c’est dire oui à Dieu. Quand l’homme dit oui à Dieu, Dieu dit oui à l’homme. (p.27)

Si la foi est un mystère, c’est que sa nature est inexprimable dans la mesure où elle est profonde, car il n’est pas possible de rendre totalement compte par des mots de cette vision qui est encore aveugle, et de cet aveuglement qui déjà voit. (p.29)

La vertu est un rayon de la Beauté divine, à laquelle nous participons par notre nature ou par notre volonté, facilement ou difficilement, mais toujours par la grâce de Dieu. (p.30)

Au fond de tous les vices se trouve l’orgueil ; la vertu, c’est essentiellement la conscience de la nature des choses, laquelle met l’ego à sa juste place. (p.33)

Quand Dieu est absent, l’orgueil comble le vide. (p.33)

Je suis moi-même, et non un autre ; et je suis ici, tel que je suis ; et cela se passe maintenant, forcément. Que dois-je faire ? La première chose qui s’impose, et la seule qui s’impose d’une façon absolue, est mon rapport avec Dieu. Je me souviens de Dieu, et dans et par ce souvenir, tout est bien, parce que c’est celui de Dieu. Tout le reste est entre Ses mains. (p.34)

La réalisation spirituelle est théoriquement la chose la plus facile et pratiquement la plus difficile qui soit. La plus facile : parce qu’il suffit de penser à Dieu ; la plus difficile : parce que la nature humaine est l’oubli de Dieu. (p.35)

Le mystère de la certitude, c’est que, d’une part, la vérité est inscrite dans la substance même de notre esprit — puisque nous sommes faits à l’image de Dieu — et que, d’autre part, nous sommes ce que nous pouvons connaître ; or nous pouvons connaître tout ce qui est, et Ce qui seul est. (p.39)

L’intelligence n’est belle que quand elle ne détruit pas la foi, et la foi n’est belle que quand elle ne s’oppose pas à l’intelligence. (p.43)

Le fait que le réalisme spirituel, ou la foi, relève de l’intelligence du cœur et non de celle du mental, permet de comprendre qu’en spiritualité la qualification morale l’emporte sur la qualification intellectuelle, et de beaucoup. (p.44)

On ne peut aimer Dieu sans le craindre, pas plus qu’on ne peut aimer son prochain sans le respecter ; ne pas craindre Dieu, c’est l’empêcher d’être miséricordieux. (p.45)

Craindre Dieu, c’est tout d’abord voir, sur le plan de l’action, les conséquences dans les causes, la sanction dans le péché, la souffrance dans l’erreur ; aimer Dieu, c’est d’abord choisir Dieu, c’est-à-dire : préférer ce qui rapproche de Lui à ce qui éloigne de Lui. (p.46)

L’homme peut connaître, vouloir, aimer. Nous connaissons Dieu en le distinguant de ce qui n’est pas Lui et en le reconnaissant dans ce qui témoigne de Lui ; nous voulons Dieu en accomplissant ce qui mène à Lui et en nous abstenant de ce qui éloigne de Lui ; et nous aimons Dieu en aimant le connaître et le réaliser et en aimant ce qui témoigne de Lui, autour de nous et en nous-mêmes. (p.48)

Le don de soi pour Dieu est toujours un don de soi pour tous ; se donner à Dieu, et serait-ce à l’insu de tous, c’est se donner aux hommes, car il y a dans ce don de soi une valeur sacrificielle dont le rayonnement est incalculable. (p.49)

La vérité est la raison d’être de l’homme ; elle constitue notre grandeur, et elle nous montre notre petitesse. (p.51)

Vérité et sainteté : toutes les valeurs sont dans ces deux termes ; tout ce que nous devons aimer et tout ce que nous devons être. (p.52)

Il n’y a pas de vertu valable sans piété, et il n’y a pas de piété authentique sans vertu. (p.53)

La fonction cosmique, et plus particulièrement terrestre, de la beauté est d’actualiser dans la créature intelligente et sensible le ressouvenir des essences, et d’ouvrir ainsi la voie vers la nuit lumineuse de l’Essence une et infinie. (p.55)

La beauté du sacré est un symbole ou un avant-goût, et parfois un moyen, de la joie que Dieu seul procure. (p.56)

L’art sacré aide l’homme à trouver son propre centre, ce noyau qui aime Dieu par nature. (p.56)

Il y a dans l’homme de nature « croyante » ou « élue » un héritage du Paradis perdu, et c’est l’instinct du transcendant et le sens du sacré ; c’est, d’une part, la disposition à croire au miraculeux et, d’autre part, le besoin de vénérer et d’adorer. A cette double prédisposition doit normalement s’ajouter un double détachement, l’un à l’égard du monde et de la vie terrestre, et l’autre à l’égard de l’ego, de ses rêves et de ses prétentions. (p.58)

La nature offre à la fois des vestiges du Paradis terrestre et des signes précurseurs du Paradis céleste. (p.59)

Le Paradis est là où est Dieu. Reste donc auprès de Dieu, et le Paradis sera là où tu es. (p.59)

Il y a deux moments dans la vie qui sont tout, et c’est le moment présent, où nous sommes libres de choisir ce que nous voulons être, et le moment de la mort, où nous n’avons plus aucun choix et où la décision est à Dieu. Or, si le moment présent est bon, la mort sera bonne ; si nous sommes maintenant avec Dieu — dans ce présent qui se renouvelle sans cesse mais qui reste toujours ce seul moment actuel —, Dieu sera avec nous au moment de notre mort. Le souvenir de Dieu est une mort dans la vie ; il sera une vie dans la mort. (p.61)

Toute injustice que nous subissons de la part des hommes est en même temps une épreuve qui nous arrive de la part de Dieu. (p.63)

Est détaché celui qui n’oublie jamais le caractère éphémère de ce qu’il possède, et qui considère ces choses comme des prêts, non comme des possessions. (p.64)

Même notre propre esprit ne nous appartient pas, et nous n’y avons pleinement accès que dans la mesure où nous le savons. (p.64)

Il faut marcher tout droit sur la crête de la foi, sans regarder ni à gauche ni à droite dans les abîmes du monde, et dire oui à Dieu qui illumine notre route et qui en est le but. (p.68)

On pourrait dire que la foi est ce quelque chose qui fait que la certitude intellectuelle devient sainteté, ou qu’elle est la puissance réalisatrice de la certitude. (p.69)

Humainement, nul n’échappe à l’obligation de croire pour pouvoir comprendre. (p.69)

Spirituellement parlant, se connaître soi-même c’est avoir conscience de ses limites et attribuer toute qualité à Dieu. (p.71)

L’homme se croit bon même devant Dieu qui pourtant est la Perfection, et quand il s’efforce à reconnaître sa misère, il se croit encore bon à cause de cet effort. (p.71)

L’homme ne peut se soustraire au devoir de faire du bien, il lui est même impossible dans les conditions normales de ne pas en faire ; mais il importe qu’il sache que c’est Dieu qui agit. L’œuvre méritoire est à Dieu, mais nous y participons ; nos œuvres sont bonnes — ou meilleures — dans la mesure où nous sommes pénétrés de cette conscience. (p.72)

Dieu veut nos cœurs ; Il ne se contente pas de nos seules actions. (p.73)

N’est sauvé que celui qui a confiance en Dieu, et ne peut avoir confiance en Dieu que celui qui est bienveillant et généreux. (p.73)

Il convient de distinguer entre une connaissance qui est active et mentale, à savoir le discernement doctrinal par lequel nous prenons conscience de la vérité, et une connaissance qui est passive, réceptive et cardiaque, à savoir la contemplation invocatoire par laquelle nous assimilons ce dont nous avons pris conscience. (p.76)

Une des preuves de notre immortalité, c’est que l’âme — laquelle est essentiellement intelligence ou conscience — ne peut avoir une fin qui soit au-dessous d’elle-même, à savoir la matière, ou les reflets mentaux de la matière ; le supérieur ne peut être simplement fonction de l’inférieur, il ne peut n’être qu’un moyen par rapport à ce qu’il dépasse. C’est donc l’intelligence en soi — et avec elle notre liberté — qui prouve l’envergure divine de notre nature et de notre destinée. Qu’on le comprenne ou non, l’Absolu seul est « proportionné » à l’essence de notre intelligence. (p.77)

Intelligence objective, donc totale, capable de discernement, de raisonnement, de méditation, de déification ; volonté objective, donc libre, capable de dépassement, de sacrifice, d’ascèse ; âme objective, donc désintéressée, capable de bonté et de compassion ; c’est de cette nature spécifique que dérivent la vocation de l’homme, ses droits et ses devoirs. (p.78)

La vie est un rêve, et penser à Dieu c’est se réveiller. (p.79)

La vie n’est pas, comme le croient les enfants et les mondains, une sorte d’espace rempli de possibilités qui s’offrent à notre bon plaisir ; elle est un chemin qui va en se rétrécissant du moment présent à la mort. Au bout de ce chemin, il y a la mort et la rencontre avec Dieu, puis l’éternité. Or toutes ces réalités sont déjà présentes dans l’oraison, dans l’actualité intemporelle de la Présence divine. (p.80)

La prière — au sens le plus large — triomphe des quatre accidents de notre existence : le monde, la vie, le corps, l’âme ; nous pourrions dire aussi : l’espace, le temps, la matière, le désir. Elle se situe dans l’existence comme un abri, comme un îlot. En elle seule, nous sommes parfaitement nous-mêmes, parce qu’elle nous met en présence de Dieu. Elle est comme un diamant que rien ne peut ternir et auquel rien ne résiste. (p.82)

Qu'est-ce que le monde, sinon un écoulement de formes, et qu'est-ce que la vie, sinon une coupe qui, apparemment, se vide entre deux nuits ? Et qu'est-ce que l'oraison, sinon le seul point stable — fait de paix et de lumière — dans cet univers de rêve, et la porte étroite vers tout ce que le monde et la vie ont recherché en vain ? Dans la vie d'un homme ces quatre certitudes sont tout : le moment présent, la mort, la rencontre avec Dieu, l'éternité. La mort est une sortie, un monde qui se ferme ; la rencontre avec Dieu est comme une ouverture vers une infinitude fulgurante et immuable ; l'éternité est une plénitude d'être dans la pure lumière ; et le moment présent est, dans notre durée, un lieu presque insaisissable où nous sommes déjà éternels — une goutte d'éternité dans le va-et-vient des formes et des mélodies. L'oraison donne à l'instant terrestre tout son poids d'éternité et sa valeur divine ; elle est la sainte barque qui conduit, à travers la vie et la mort, vers l'autre rive, vers le silence de lumière — mais ce n'est pas elle, au fond, qui traverse le temps en se répétant, c'est le temps qui s'arrête pour ainsi dire devant son unicité déjà céleste. (p.116)

L’homme prie, et la prière façonne l’homme. Le saint est devenu lui-même prière, lieu de rencontre entre la terre et le Ciel ; il contient par là l’univers, et l’univers prie avec lui. Il est partout où la nature prie, il prie avec elle et en elle : dans les cimes qui touchent le vide et l’éternité, dans une fleur qui s’éparpille, ou dans le chant perdu d’un oiseau. Qui vit dans la prière, n’a pas vécu en vain. (p.117)




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