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Fonds documentaire sur la vie et l'enseignement
de Frithjof Schuon
Poésies
• Le génie poétique de Frithjof Schuon
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Le génie poétique de Frithjof Schuon

Les premiers vers de Frithjof Schuon coulaient de sa plume alors qu'il n'avait que douze ans, à Bâle [1]. Il relate de son rapport initial avec la poésie:
Comme dès l’enfance je prenais plaisir au dessin et à la peinture, — je peignais des dragons et toutes sortes d’images de contes, — mon père caressait le désir que je devienne artiste peintre; à l’époque qui se situe avant sa mort, je voulais toutefois devenir poète et non peintre, ce qui ne plaisait pas du tout à mon père. La circonstance qui m’incita à faire de la poésie fut la découverte, dans la bibliothèque de mon père, de tous les auteurs lyriques allemands, et je me plongeai dans leur lecture avec application; le genre mélancolique et le genre des chants populaires me plaisaient en particulier. (Traduit de l'allemand par G.Chetan.)
Une poésie écrite vers la fin de sa vie intègre un poème d'enfance:
Spätsommer hat das Land geküsst
Und müde rauscht’s im Walde;
Es nicken all dem Herbste zu
Die Blümlein an der Halde.
Die Rose glüht im Abendschein
Und welkt — der Lenz verrauscht;
Ein Mensch ist da, der ganz allein
Dem Sang des Schöpfers lauscht.

Dieses Gedicht — doch nicht die letzten Verse —
Schrieb ich als Kind vor beinah achtzig Jahren.
Als Kind, als ich ein Dichter wollte sein —
Gott kann sich auch in Blümlein offenbaren.
  La fin de l’été a embrassé le paysage,
Un las frémissement parcourt la forêt;
Les petites fleurs sur la colline
S’inclinent toutes vers l’automne.
La rose s’embrase dans la lueur du soir
Et se flétrit — le printemps se meurt;
Un homme est là qui tout seul prête
L’oreille au chant du Créateur.

Cette poésie — mais non les derniers vers —
Je l’écrivis enfant, voici presque quatre-vingts ans.
Enfant, alors que je voulais être poète —
Dieu peut aussi se révéler dans de petites fleurs.

(Lieder ohne Namen XI: XLV)

 

(Chants sans nom XI: XLV, traduit de l'allemand par G.Chetan)

Le don poétique de Schuon s'est manifesté à différents moments de sa vie [2], et il reconnut que certaines poésies furent écrites « dans l'extase d'une inspiration ». « Chez un poète, nous dit-il, l’œuvre doit être l’expression de la noblesse intérieure; l’œuvre doit exprimer l’homme lui-même, et non simplement un recoin isolé et suraccentué de cet homme » (traduit de l'allemand). Dans une lettre à Martin Lings, Schuon développe la nature de la poésie et les devoirs du poète:
La poésie est le « langage des dieux »; et « noblesse oblige »; je veux dire par là que le poète a certaines responsabilités. Dans la poésie, la musicalité des choses, ou leur essentialité cosmique, fait irruption sur le plan du langage; et ce processus exige la grandeur, donc aussi l'authenticité, de l'image et du sentiment. Le poète a spontanément l'intuition de la musicalité sous-jacente des phénomènes; sous la pression d'une image ou d'une émotion, — celle-ci se combinant d'ailleurs naturellement avec des images concordantes, — le poète exprime une beauté archétypique; sans cette pression, point de poésie, ce qui implique que la vraie poésie a toujours un aspect de nécessité intérieure, d'où son parfum irremplaçable. Il faut donc la grandeur subjective et objective du point de départ ou du contenu, puis la musicalité profonde de l'Ame et du langage; or celle du langage doit être tirée des ressources de celui-ci, et c'est tout l'art formel de la poésie. Dante n'avait pas seulement de la grandeur, il savait aussi, d'une part infuser cette grandeur dans le langage et d'autre part manier le langage en sorte de le rendre adéquat à sa vision intérieure. Quand Shakespeare décrit, sur un ton de chant populaire, une situation quelconque, il réussit le plus souvent à en présenter la quintessence et à ramener ainsi les apparences à leur musicalité cosmique, d'où un sentiment de libération caractéristique pour toute véritable poésie…. [3]
Une autre phase d'effusion poétique généra un chapelet de poésies arabes, dans le sillage de grâces reçues de la Vierge Marie. Puis, à l'âge de 86 ans, Schuon composa un recueil de poésies en anglais publié sous le titre Road to the Heart[4]. Et un an plus tard, de façon inattendue, commença un nouveau cycle remarquablement fécond de poésies rédigées à nouveau dans sa langue maternelle, l'allemand; il en composa plus de trois mille durant les trois années qui suivirent, l'inspiration étant telle qu'il n'était pas rare qu'il en écrivit plusieurs dans la même journée. Dans son introduction au recueil bilingue allemand-anglais des poésies de Schuon — Adastra & Stella Maris —, William Stoddart observe:
Ces poésies sont une bénédiction non seulement sur le plan qualitatif mais aussi quantitativement parlant – elles forment un ensemble complet. D'un côté, les poésies allemandes de Schuon récapitulent les enseignements contenus dans ses ouvrages philosophiques français; d'un autre, elles sont une fontaine purificatrice, inépuisable et toujours nouvelle, une expression cristalline et vivante de la religio perennis. Elles incarnent la vérité, la beauté et la salvation. (Traduit de l'anglais.)
Dans cette même introduction, Stoddart recense les divers thèmes de ce dernier cycle de poésies:
Dans ses abondantes références aux nombreuses formes culturelles d'Europe et d'ailleurs – les rues du Quartier Latin, les nuits andalouses, la Vierge du Pilier, la Macarena, des sages tels que Dante, Shankara, Pythagore et Platon, les Psaumes de David, la sagesse arabe, les grâces des bodhisattvas, les moulins à prières tibétains, les samouraïs et le shinto, les chants d'amour et de nostalgie de nombreux peuples –, dans cet éventail de cultures, Schuon capte le message intemporel de vérité et de beauté propre à chacune d'elles, et le rend présent d'une façon profondément joyeuse. Quand il arrive qu'une de ces formes culturelles soit bien connue et aimée du lecteur, la félicité qui se dégage des poésies est irrésistible. (Traduit de l'anglais.)
Dans son avant-propos au même ouvrage, Annemarie Schimmel[5], elle aussi de langue maternelle allemande, décrit la façon dont « les grands mystiques du monde entier ont utilisé le langage de la poésie pour essayer de capter un mystère situé au-delà de l'expérience humaine habituelle… En considérant cela, poursuit-elle, nous ne sommes pas étonnée que Frithjof Schuon, lui aussi, se soit senti appelé à écrire de la poésie… » Après avoir comparé les idées, les images et la sonorité des vers allemands de Schuon à ceux de Rilke, Schimmel précise:
Cette sonorité [de l'allemand] n'a pas pu être conservée dans les traductions anglaises de sa poésie. Toutefois, comme il le dit lui-même, c'est le contenu qui importe véritablement, et nous écoutons alors le penseur qui, délaissant les phrases élaborées et complexes de sa prose savante, chante les prières simples de l'âme nostalgique: Dieu est le centre, le fond primordial qui englobe tout, Se manifestant au travers du jeu coloré de Ses créations. Et seul le cœur humain peut refléter l'Être insaisissable, car la qualité centrale de l'homme est l'amour divinement inspiré, qui est l'axe de notre vie.

J'espère que la poésie mystique de Schuon sera lue non seulement par des anglophones mais aussi et surtout par ceux qui comprennent l'allemand. Ils apprécieront la sensibilité de nombreuses poésies qui nous dévoilent le célèbre penseur sous une lumière bien différente et un angle inattendu. (Traduit de l'anglais.)
Cette ultime somme poétique est, sous bien des aspects, à la fois une synthèse et un complément de l'œuvre doctrinale que Schuon exposa tout au long de sa vie. Il rédigea, par exemple, plusieurs articles sur la question subtile des états posthumes de l'être[6] et en quelques vers résuma l'essentiel:
Erde, Himmel und Hölle; Fegefeuer,
Und Seelenwanderung. Zerbrecht euch nicht
Den Kopf darüber. In den Himmel kommt
Der Gute, in die Höll der Bösewicht.

Ihr möchtet kennen, was kein Auge sieht;
Gott weiß am besten, was mit euch geschieht —
Was in der Kreaturen Schicksal liegt,
In Ewigkeit. Und dass Er’s weiß, genügt.
  Terre, Ciel et enfer; purgatoire,
Et transmigration. Ne vous cassez
Point la tête à ce sujet. Le bon va
Au Ciel, et le méchant en enfer.

Vous voudriez connaître ce que nul œil ne voit;
Dieu sait le mieux ce qu’il adviendra de vous —
Ce que recèle le destin des créatures,
Dans l’Eternité. Et que Lui le sache, cela suffit.

(Das Weltrad I: LXXX)

 

(La Roue cosmique I: LXXX, traduit de l'allemand par G.Chetan)

Le 12 mars 1998, moins de deux mois avant son départ, Frithjof Schuon écrivit son ultime poésie:
Ich wollte dieses Buch schon lang beschließen —
Ich konnte nicht; ich musste weiter dichten.
Doch diesmal legt sich meine Feder nieder,
Denn es gibt andres Sinnen, andre Pflichten;
Wie dem auch sei, was wir auch mögen tun:
Lasst uns dem Ruf des Höchsten Folge leisten —

Lasst uns in Gottes tiefem Frieden ruhn.
  Depuis longtemps je voulais clore ce livre —
Je ne le pouvais; je devais continuer à composer.
Mais cette fois, ma plume se pose,
Car il y a d’autres préoccupations, d’autres devoirs;
Quoi qu’il en soit, quoi que nous puissions faire:
Conformons-nous à l’appel du Très-Haut —

Reposons-nous dans la profonde Paix de Dieu.

(Das Weltrad VII: CXXIX)

 

(La Roue cosmique VII: CXXIX, traduit de l'allemand par G.Chetan)

Durant ses deux dernières années, le philosophe avait prédit à plusieurs reprises que le terme de son flux poétique était proche,- mais sans cesse l'inspiration l'envahit. Mais quand le poète, nonagénaire, composa ses tout derniers vers, peu nombreux étaient ceux qui doutaient que le Ciel lui réservait « d'autres préoccupations » et que le cycle de ses poésies était à présent définitivement clos, car Schuon, comme toujours, obéirait à l'appel du Très-Haut. Ses sept dernières semaines furent un moment de grande paix, dans le souvenir de Dieu, ses forces vitales se dérobant insensiblement.

Adapté d'un article de Michael Fitzgerald

NOTES

[1] « Mes parents voulaient que je devienne peintre; / Mais je lisais des poètes et voulais être comme eux, / Et j’ai vécu jusqu’à mon douzième été / Dans la sombre mélodie du romantisme. // Mais suffisamment tôt vint alors l’Inde; le poète / Prit encore la parole, mais jamais au premier plan; / Puis il se tut de nombreuses années. / Dans le grand âge, / Il s’est réveillé — non par amour du rêve — / Pour de nouveaux chants jaillissant de l’Esprit. » (La Roue cosmique I: CXIV, traduit de l'allemand par G.Chetan)
[2] En 1947 deux recueils de poésies allemandes furent publiés sous les titres de Sulamith et Tage- und Naechtebuch. Ils n'ont pas été traduits en français.
[3] Lettre de janvier 1971. Pour de plus amples commentaires sur la poésie, on pourra notamment consulter Perspectives spirituelles et faits humains (Maisonneuve-Larose 1989), pages 43sqq.
[4] World Wisdom, 1995.
[5] Annemarie Schimmel (1922-2003) fut l'une des plus éminentes érudites et interprètes de Rumi en Occident au cours du XXe siècle; elle est l'auteur d'une centaine d'ouvrages et professa à Harvard durant plus de trente ans. Elle a également écrit une préface pour la version anglaise de Comprendre l'Islam (Understanding Islam, World Wisdom, 1998) de Frithjof Schuon.
[6] Voir, par exemple, « Points de vue cosmologiques et eschatologiques » dans Trésors du bouddhisme, « Des états posthumes » dans L'œil du cœur, et « Remarques sur un problème eschatologique » dans Forme et substance dans les religions.




Télécharger Sulamith et Tage- und Naechtebuch
Ce document contient les poésies originales allemandes publiées par Schuon en 1947 sous les titres Sulamith et Tage- und Naechtebuch.

Pour télécharger Sulamith et Tage- und Naechtebuch de Frithjof Schuon, cliquez sur le logo PDF.

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Télécharger Road to the Heart
Ce document contient les poésies originales anglaises publiées par Schuon en 1995.

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Poésies didactiques allemandes avec traductions anglaise et française 3200 poems in all books    

• Adastra • Stella Maris • Autumn Leaves • The Ring
• Songs without Names I • Songs without Names II • Songs without Names III • Songs without Names IV
• Songs without Names V • Songs without Names VI • Songs without Names VII • Songs without Names VIII
• Songs without Names IX • Songs without Names X • Songs without Names XI • Songs without Names XII
• World Wheel I • World Wheel II • World Wheel III • World Wheel IV
• World Wheel V • World Wheel VI • World Wheel VII • Road to the Heart (includes The Garland)
English
German
French
Adastra
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As an Entry

Out of my heart flowed many songs;

I sought them not, they were inspired in me —

O may the sound of the God-given harp

Purify the soul and raise us to Heaven —


May the light of Truth unite

With love to accompany our striving;

And may our souls find grace —


The Path from God to God — in eternity.

Zum Eingang

Es floss aus meinem Herzen mancher Sang;

Ich sucht ihn nicht, er ward mir eingegeben.

O mög der gottgeschenkten Harfe Klang

Die Seele läutern, uns zum Himmel heben —


Möge das Licht der Wahrheit sich verbinden

Mit Liebe, unsrem Streben zum Geleit;

Und mögen unsre Seelen Gnade finden —


Den Weg von Gott zu Gott — in Ewigkeit.

Préambule

De mon cœur maints chants se sont écoulés ;

Je ne les cherchai point, ils me furent infusés.

Ô puisse le son de la harpe offerte par Dieu

Purifier l’âme, nous élever vers le Ciel —


Puisse la Lumière de la Vérité se joindre

A l’Amour, en escorte de notre aspiration ;

Et puissent nos âmes trouver leur grâce —


La Voie de Dieu à Dieu — pour l’Eternité.

Adastra

Ad astra — to the stars — the soul is striving,

Called by an unstilled longing.

O path of Truth and Beauty that I choose —

Of God-remembrance that pervades the soul!


Thou art the song that stills all longing —

The Light of Grace; shine into my heart!

The Lord is our Refuge, our Shield —


Be thou with Him, and He will be with thee.

Adastra

Ad astra — zu den Sternen — strebt die Seele,

Die eine ungestillte Sehnsucht drängt.

O Weg der Wahrheit, Schönheit, den ich wähle —

Des Gottgedenkens, das die Seele tränkt.


Du bist das Lied, das alles Sehnen stillt —

Das Gnadenlicht; schein in das Herz hinein!

Der Herr ist unsre Zuflucht, unser Schild —


Sei du mit Ihm, und Er wird mit dir sein.

Adastra

Ad astra — vers les étoiles — l’âme aspire,

Poussée par un désir inassouvi.

Ô Voie de Vérité et de Beauté que je choisis —

Du Souvenir de Dieu, qui abreuve l’âme.


Tu es le chant qui apaise tout désir —

La Lumière de Grâce ; brille dans mon cœur !

Le Seigneur est notre Refuge, notre Bouclier —


Sois avec Lui, et Il sera avec toi.

Stella Maris
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Affirmation

What is it that calls the soul inward?

What is the miracle the heart encounters —

What bestows the heavenly gift of Peace?

What is it that blesses the mind from within?


It is a yes to God — it is nameless,

And has neither form nor limit, it is to rejoice

In the most inward, in the kernel of Existence;


It is The soul’s desire to be itself in God.

Bejahung

Was ist es, was die Seel nach Innen ruft?

Was ist das Wunder, dem das Herz begegnet —

Was gibt des Friedens himmlisches Geschenk,

Was ist es, was den Geist von Innen segnet?


Es ist ein Ja zu Gott — ist namenlos,

Hat weder Form noch Grenze, ist sich freun

Am Innersten, am Daseinskern;

Es ist

Der Seele Wunsch, in Gott sich selbst zu sein.

Affirmation

Qu’est-ce qui appelle l’âme vers l’Intérieur ?

Quel est le miracle que le cœur rencontre —

Qu’est-ce qui offre le don céleste de la Paix,

Qu’est-ce qui bénit l’esprit de l’Intérieur ?


C'est un oui à Dieu — il n’a pas de nom,

Ni de forme ni de limite, il puise sa joie

Dans le for intérieur, au cœur de l’existence ;

C’est

Le désir de l’âme d’être elle-même en Dieu.

The Day

Rising of the sun, joy of all that is good,

A golden message that the earth imbibes;

And then the evening; weary is the day,

Yet blissful where the sun sinks down.


Soon comes the truth that gives illumination,

And beauty shines into our heart.

A divine chariot of gold arises

In triumphant progress; and then there shall be peace.


The rainbow speaks to us of peace and joy —

Image of blessing, like the completed day.

O path of the sun, O miracle of nature —

Thine orb was fashioned by the Hand of the Most High.

Der Tag

Aufgang der Sonne, Freude alles Guten,

Goldene Botschaft, die die Erde trank;

Und dann der Abend: müde ist der Tag

Und doch beglückt, dort wo die Sonne sank.


Früh naht die Wahrheit, die Erleuchtung gibt,

Und Schönheit strahlt in unser Herz hinein.

Ein goldner Götterwagen steigt empor,

Im Siegeszug; und dann soll Friede sein.


Von Freud und Friede zeugt der Regenbogen —

Ein Bild des Segens, wie der runde Tag.

O Sonnenweg, o Wunder der Natur —

Des Höchsten Hand hat deinen Kreis gezogen.

Le jour

Lever du soleil, joie de tout bien,

Message doré, dont s’est abreuvée la terre ;

Et puis le soir : le jour est las

Et pourtant heureux, là où le soleil s’est couché.


Tôt la Vérité approche, donnant l’illumination,

Et la Beauté rayonne dans notre cœur.

Un char doré des dieux s’élève,

Cortège triomphant ; et puis la Paix viendra.


C’est de Joie et de Paix que témoigne l’arc-en-ciel —

Une image de Bénédiction, tel le cercle du jour.

Ô course du soleil, ô miracle de la nature —

La Main du Très-Haut a tracé ton orbite.

Autumn Leaves
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Repeated

What I would like to say here — may Peace be with you! —

Is also found in an earlier song:


Spring and autumn: poles in the space of existence —

Destiny has led me into old age.

Weary and selfless is the tree of life —

Autumn leaves are like gold that gives itself away.


Do not be saddened when life’s summer departs —

O Peace, that clothes the soul in gold!

Wiederholt

Was ich hier sagen möcht — mit euch der Friede! —

Das findet sich in einem frühern Liede:


Frühling und Herbst: Pole in Daseins Raum —

Ins Alter hat das Schicksal mich gelenkt.

Müde und selbstlos ist des Lebens Baum —

Herbstblätter sind wie Gold, das sich verschenkt.


Seid nicht betrübt, wenn Lebens Sommer scheidet —

O Friede, der die Seel mit Gold bekleidet!

Répété

Ce que je voudrais dire ici — la Paix soit avec vous ! —

Se trouve dans un chant antérieur :


Printemps et automne : pôles dans l’espace de l’existence —

Dans l’âge avancé, le destin m’a conduit.

Las et désintéressé est l’arbre de la vie —

Les feuilles d’automne sont comme de l’or qui se donne.


Ne soyez pas attristés quand part l’été de la vie —

Ô Paix qui revêt d’or notre âme !

Vita Nuova

The meaning of love is not always possession;

Thou canst carry the belovèd also in thy heart,

As Dante did Beatrice, a whole life long;

The pulse of love can beat in solitude.


Truly the soul must struggle with itself on earth —

Earthly things must bring us nearer Heaven.

The depth of the heart is the elixir —


“If there is a Paradise on earth, it is here.”

Vita Nuova

Nicht immer ist der Liebe Sinn Besitz;

Du kannst Geliebtes auch im Herzen tragen,

Wie Dante Beatrix, ein Leben lang;

Der Liebe Pulse können einsam schlagen.


Wohl muss die Seel auf Erden mit sich ringen —

Irdisches muss dem Himmel näher bringen.

Die Herzenstiefe ist das Elixier —


„Gibt es ein Paradies auf Erden, ist es hier.“

Vita nuova

Le sens de l’amour n’est pas toujours possession ;

Ce que tu aimes, tu peux aussi le porter dans le cœur,

Une vie entière, comme Dante Béatrice ;

Les pulsations d’amour peuvent battre dans la solitude.


Certes, l’âme sur terre doit lutter avec elle-même —

Les choses terrestres doivent rapprocher du Ciel.

La profondeur du cœur est l’élixir —


« S’il y a un Paradis sur terre, il est ici. »

The Ring
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The Ring

The Spirit’s message is a magic ring:

It had no beginning, it has no end.

Wherever thy thinking may encounter it:

It is as if it found nothing and everything.


The Spirit’s message is a magic circle,

Of whose coming and going man knows not.

“Hear’st thou the wind? It bloweth where it listeth” —

Yet in the depth of the heart it stands still.


Everything shines in One, One shines in everything —

In every point along the circle's turning.

Der Ring

Die Geistesbotschaft ist ein Zauberring:

Sie hatte keinen Anfang, hat kein Ende.

Wo ihr dein Denken auch begegnen mag:

Es ist, als ob es nichts und alles fände.


Des Geistes Botschaft ist ein Zauberkreis,

Von dessen Hin und Her der Mensch nichts weiß.

„Hörst du den Wind? Er wehet, wo er will“ —

Doch in des Herzens Tiefe steht er still.


Alles in Einem, Eins in Allem strahlt —

In Jedem Punkte, den die Kreisung malt.

L’anneau

Le message de l’Esprit est un anneau magique :

Il n’eut point de commencement, n’aura pas de fin.

Où que ta pensée puisse le rencontrer :

C’est comme si elle trouvait à la fois rien et tout.


Le message de l’Esprit est un cercle magique,

De son va-et-vient, l’homme ne sait rien.

« Entends-tu le vent ? Il souffle où il veut. » —

Mais dans la profondeur du cœur, il s’arrête.


Tout rayonne dans l’Un, l’Un rayonne en tout,

En chaque point que trace la ligne du cercle.

On the Self

Like sparks that spray out of the fire,

Or like drops of a waterfall,

So has the Self seemingly divided Itself

Into the souls of the Universe’s play.


The Self became an “other” many thousand times —

Became a stranger to Itself, lost deep in the world.

But Truth shines — and may the soul find

And experience It, until it becomes wholly itself!


The Spirit mixed Itself with matter,

And consciousness of Itself was blurred —

This was a destiny, created by the Most High:


To be set free by the call of the True.

Vom Selbst

So wie die Funken aus dem Feuer sprühen,

Oder wie Tropfen eines Wasserfalls —

So hat das Selbst sich scheinbar aufgeteilt:

Die Seelen in der Spielerei des Alls.


So ward das Selbst vieltausendmal ein Andrer —

Es ward sich fremd, tief in die Welt verirrt.

Die Wahrheit strahlt — möge die Seel sie finden,

Erleben, bis sie ganz sich selber wird!


Der Geist — er hat sich mit dem Stoff vermischt,

So das Bewusstsein seiner selbst verwischt —

Dies war ein Schicksal, das der Höchste schuf:


Befreit zu werden durch der Wahrheit Ruf.

Du Soi

Tout comme les étincelles jaillissent du feu,

Ou comme les gouttes d’une cascade —

Ainsi le Soi s’est-Il apparemment divisé :

Les âmes, dans le jeu de l’Univers.


Le Soi devint ainsi un autre des milliers de fois —

Etranger à Lui-même, profondément égaré dans le monde.

La Vérité rayonne — puisse l’âme la trouver,

Et en vivre, jusqu’à devenir totalement elle-même !


L’Esprit — il s’est mêlé à la matière,

A effacé ainsi la conscience de lui-même —

Ce fut un destin, que le Très-Haut créa :


Être délivré par l’appel de la Vérité.

Songs without Names I
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I

Birth, and then death — this is one thing.

Separation through the force of destiny — this is another.

Between the two, life’s long struggle;

And God’s Word: think of Me and go thy way upward

On the sacred Path, from thee to Me.


See: life’s poles are the frame

For a path leading from illusion to the True:

A path from the dream of life to the Self, to the “We.”

I

Geburt, und dann der Tod - dies ist das Eine.

Trennung durch Schicksals Macht - dies ist das Andre.

Dazwischen eines Lebens langer Kampf;

Und Gottes Wort: Gedenke Mein und wandre

Den heilgen Pfad hinan, von dir zu Mir.


Denn sieh, des Lebens Pole sind der Rahmen

Für einen Weg vom Blendwerk bis zum Wahren:

Ein Weg vom Lebenstraum zum Selbst - zum Wir.

I

La naissance, et puis la mort — ceci est une chose.

La séparation par la force du destin — ceci est l’autre.

Entre les deux, le long combat d’une vie ;

Et la Parole de Dieu : souviens-toi de Moi et

Remonte La Voie sacrée, de toi à Moi.


Car vois, les pôles de la vie sont le cadre

D’une Voie de l’illusion jusqu’au Vrai :

Une Voie du rêve de la vie vers le Soi — vers Nous.

Songs without Names II
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I

In this world, the pious man carries God’s grace;

In the next world, God’s grace carries the pious man.

In this world, man must earn

What he receives.

Heaven says: welcome.

I

Im Diesseits trägt der Fromme Gottes Gnade;

Im Jenseits trägt die Gottesgnad den Frommen.

Auf dieser Erde muss der Mensch verdienen

Was er erhält.

Der Himmel sagt: Willkommen.

I

Dans l’ici-bas le pieux porte la grâce de Dieu ;

Dans l’Au-delà la grâce de Dieu porte le pieux.

Sur cette terre, l’homme doit mériter

Ce qu’il reçoit.

Le Ciel dit : bienvenue.

II

Be careful before ye reject faith;

Ask not a priori how and when.

Take note that without the support of faith,

Earthly humanity cannot endure.


This proves that in the religions

Dwell the deepest elements of Truth;

God did not bring the world a false Word,

For man is made for Truth.


Mother faith and Mother earth —

The Good Shepherd, and salvation’s flock.

II

Vorsicht, bevor den Glauben ihr verneint;

Fragt a priori nicht nach Wie und Wann.

Stellt fest, dass ohne eines Glaubens Halt

Die Erdenmenschheit nicht bestehen kann.


Und dies beweist, dass in den Religionen

Der Wahrheit tiefste Elemente wohnen;

Gott hat der Welt nicht falsches Wort gebracht,

Denn für die Wahrheit ist der Mensch gemacht.


Die Mutter Glaube, und die Mutter Erde —

Der Gute Hirte, und des Heiles Herde.

II

Prudence avant de rejeter la croyance ;

Ne demandez pas a priori comment et quand.

Constatez que, sans le soutien d’une croyance,

L’humanité terrestre ne peut subsister.


Et ceci prouve que dans les religions résident

Les plus profonds éléments de la Vérité ;

Dieu n’a pas apporté de fausse parole au monde,

Car c’est pour la Vérité que l’homme est fait.


La mère-croyance, et la mère-terre —

Le Bon Berger, et le troupeau du salut.

Songs without Names III
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I

Motionless center, outside time,

In God’s presence. The world-wheel

Knows no halt, but thou see’st it not,

For the Spirit put thee in the center,


Yet thou art in existence, and must live with other men,

Thou must enter into the play of the world-wheel,

And from thence must strive toward the center.


This is thy fate; the space of existence is vast —

Within thy heart Eternity keeps watch.

I

Reglose Mitte, außerhalb der Zeit,

In Gottes Gegenwart. Das Rad der Welt

Kennt keinen Stillstand, doch du siehst es nicht,

Da in die Mitte dich der Geist gestellt


In Augenblicken, die der Herr gewählt.

Jedoch du bist im Dasein und musst leben

Mit andern Menschen, musst hinein ins Spiel

Des Weltrads; musst von dort zur Mitte streben.


Dies ist dein Fatum; Daseins Raum ist weit —

In deinem Herzen wacht die Ewigkeit.

I

Centre immobile, en dehors du temps,

Dans la Présence de Dieu. La roue cosmique

Ne connaît point d’arrêt, mais tu ne le vois pas,

Puisque l’Esprit t’a placé dans le Centre


Aux moments que le Seigneur a choisis.

Tu es pourtant dans l’Existence et dois vivre

Avec d’autres hommes, tu dois entrer dans le jeu

De la roue cosmique ; et de là tendre vers le Centre.


Ceci est ton destin ; l’espace existentiel est vaste —

En ton cœur veille l’Eternité.

II

In the beginning God said: “Let there be light!”

Let these words be thine answer.

Thou art in the darkness of this earthly world —

Be thou, in it, Divinity’s reflection.


The Fiat Lux means: “I am That I am.”

Thou repeatest it, and at the same time

It is an answer: I am not — only Thou, Lord, art.

And this, O man, is the meaning of thine existence.

II

Am Anfang sagte Gott: “Es werde Licht!”

Lass diese Rede deine Antwort sein.

Du bist im Dunkel dieser Erdenwelt —

Sei du in ihr der Gottheit Widerschein.


Das Fiat Lux heißt: “Ich bin, der Ich bin.”

Du wiederholst es, und gleichzeitig ist

Es Antwort: ich bin nicht — nur Du, Herr, bist.

Und dies, o Mensch, ist deines Daseins Sinn.

II

Au commencement Dieu dit : « Que la Lumière soit ! »

Laisse cette parole être ta réponse.

Tu es dans l’obscurité de ce monde terrestre —

Sois en lui le reflet de la Divinité.


Le Fiat Lux veut dire : « Je suis Celui qui suis. »

Tu le répètes, et en même temps c’est

Une réponse : je ne suis pas — Toi seul, Seigneur, es.

C’est cela, ô homme, le sens de ton existence.

Songs without Names IV
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I

In God’s Presence: no object

From outside, no sound from within the soul —

No thou, no I. Truth and the Name;

This in the eternal Now — be it thus thy whole life long.

I

In Gottes Gegenwart: kein Gegenstand

Von außenher, kein innrer Seelenklang —

Kein Du, kein Ich. Wahrheit und Name; dies

Im ewgen Jetzt — und so dein Leben lang.

I

En présence de Dieu : point d’objet venant

De l’extérieur, point de son interne à l’âme —

Pas de toi, pas de moi. Vérité et Nom ; ceci

Dans l’éternel Présent — et tout au long de ta vie.

II

God-remembrance must change man,

For the purpose of a lamp is to give light;

If our soul is not improved,

Then reciting pious formulas is of no avail.


Renounce false greatness — become small

And selfless, and thou wilt be in Heaven.

II

Das Gottgedenken muss den Menschen ändern,

Denn zum Beleuchten gibt die Lampe Licht;

Wenn unsre Seele nicht verbessert wird,

Dann zählt das Sprechen frommer Formeln nicht.


Lass ab von falscher Größe — werde klein

Und selbstlos, und du wirst im Himmel sein.

II

Le Souvenir de Dieu doit changer l’homme,

Car la lampe donne de la lumière pour illuminer ;

Si notre âme ne s’améliore point,

La récitation de pieuses formules ne compte pas.


Renonce à la fausse grandeur — deviens petit

Et sans égoïsme, et tu seras au Ciel.

Songs without Names V
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I

Humility and generosity, then patience together

With trust — these are the sine qua non

Of the noble soul; no one can be holy

Unless he adopt these ways.

I

Demut und Großmut, dann Geduld gepaart

Mit Zuversicht — dies macht die edle Seele

Sine qua non; niemand kann heilig sein,

Es sei denn, dass er diese Wege wähle.

I

Humilité et générosité, puis la patience combinée

A la confiance — ceci constitue l’âme noble

Sine qua non ; nul ne peut être saint,

A moins qu’il ne choisisse ces voies.

II

The Lord is my shepherd; I shall not want.

Even were I in the deep night of death —

He is with me. For His Name’s sake,

He has brought me to the light of the day, and to the source.


For His Name’s sake — the Name which I invoke —

Both when awake and when asleep.

II

Der Herr, mein Hirte; und mir wird nichts mangeln.

Wär ich auch in des Todes tiefer Nacht —

Er ist mit mir. Um seines Namens willen

Hat er zum Tag, zur Quelle mich gebracht.


Um seines Namens willen, den ich rief —

Dieweil ich wachte, und dieweil ich schlief.

II

Le Seigneur, mon Berger ; et rien ne me manquera.

Serais-je même dans la profonde nuit de la mort —

Il est avec moi. Pour l’amour de Son Nom,

Il m’a amené au jour, à la source.


Pour l’amour de Son Nom que j’ai appelé —

Pendant que je veillais, et pendant que je dormais.

Songs without Names VI
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I

Fanâ and Baqâ — Extinction and Permanence —

Thus do the Sufis describe our spiritual state

With regard to God; firstly vacare Deo

And then the jewel attained by gnosis.

I

Fanā und Baqā — Auslöschung, Verharren —

Nennen die Sufis unsern Geistesstand

Gott gegenüber; das Vacare Deo

Und dann das Kleinod, das die Gnosis fand.

I

Fanâ et Baqâ — Extinction et Subsistance —

Appellent les Soufis notre état spirituel

En face de Dieu ; le vacare Deo

Et puis le joyau que la Gnose trouva.

II

If thou standest before God, then do not rebel,

Even if thy cause be completely just.

In the presence of God,

Let earthly things take their course.


The evil one wishes to unhinge us —

He is not interested in our rights.

II

Stehst du vor Gott, dann lehne dich nicht auf,

Bist du auch hundertmal in deinem Recht

In einer Sach. In Gottes Gegenwart,

Lasse den Erdendingen ihren Lauf.


Der Böse will uns aus den Angeln heben —

Es liegt ihm nichts daran, uns Recht zu geben.

II

Si tu te tiens devant Dieu, ne te révolte pas,

Même si tu es cent fois dans ton droit

Dans une affaire. En présence de Dieu,

Laisse les choses terrestres suivre leur cours.


Le Malin veut nous faire sortir de nos gonds —

Il ne lui importe en rien de nous donner raison.

Songs without Names VII
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I

Heaven and earth shall pass away,

But my words shall not pass away,

Said Jesus. Therefore know: every wise word

Has its eternal place in the Godhead.

I

Himmel und Erde können nicht bestehn,

Doch meine Worte werden nicht vergehn,

Sagt Jesus. Wisset: jedes weise Wort

Hat in der Gottheit seinen ewgen Ort.

I

Le Ciel et la terre passeront,

Mais mes paroles ne passeront point,

Dit Jésus. Sachez : chaque parole sage

A sa place éternelle dans la Divinité.

II

Whoever, from the starting-point of earthly existence,

Seeks to know the Lord, will see Him

As the quintessence of things which transcends everything

That surrounds us in the outer world,

And which, at the same time, reveals itself in the Intellect.


God knows Himself in His Being —

But how does He manifest Himself?

In Revelation, in the Pure Intellect,

And in the outward beauty and inward harmony of creatures.

In every noble thing, thou wilt find the trace of God.

II

Wer von der Erde aus den Herrn will kennen,

Der wird Ihn Urgehalt der Dinge nennen:

Die Quintessenz, die alles übersteigt

Was uns in dieser Außenwelt umgibt,

Gleichzeitig auch im Intellekt sich zeigt.


In seinem Sein erkennt sich Gott — doch wie

Gibt Er sich kund? In seiner Offenbarung;

Im reinen Geist. Und in der Kreaturen

Äußeren Schönheit — innern Harmonie;

In allem Edlen triffst du Gottes Spuren.

II

Qui veut connaître le Seigneur à partir de la terre,

Il L’appellera Quintessence des choses :

Quintessence qui transcende tout

Ce qui nous entoure dans ce monde extérieur,

Tout en se manifestant aussi dans l’Intellect.


Dieu Se connaît en Son Être même — mais comment

Se manifeste-t-Il ? Dans Sa Révélation ;

Dans le pur Intellect. Et dans la beauté

Externe des créatures — leur harmonie interne ;

En toute chose noble, tu rencontres les traces de Dieu.

Songs without Names VIII
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I

The sun, a heavenly image made of gold and light,

A symbol of Being, that rules the world.

And then the silent moon, a silver shield —

Yet it possesses no light of its own.


So the moon is like Existence,

Whose face can only reflect what is unique,

And as the Unique, breaks through the naught.

I

Die Sonne — Himmelsbild aus Gold und Licht,

Zeichen des Seins, das alle Welt beherrscht;

Und dann der stille Mond, ein Silberschild —

Jedoch ein eignes Leuchten hat er nicht.


So ist er wie das Dasein, dess Gesicht

Nur weitergeben kann, was einzig gilt

Und als das Einzige das Nichts durchbricht.

I

Le soleil — image céleste d’or et de lumière,

Signe de l’Être qui domine tout l’Univers ;

Puis la lune silencieuse, un bouclier d’argent —

Elle n’a toutefois pas de rayonnement propre.


Ainsi en est-il de l’Existence, dont la face

Ne peut transmettre que ce qui est unique

Et en tant que l’Unique transperce le néant.

II

Intellect, and also reason, are like the sun;

The psyche and sentiment are like the moon.

Intellect is day, in it everything is clear;

But the psyche’s play lives in the dark.


A symbol is multivalent, and held in honor —

The sacred resounds in all spheres of existence.

II

Der Sonne gleich ist Geist, und so Vernunft;

Dem Mond gleich ist die Psyche, das Gefühl.

Der Geist ist Tag, in ihm ist alles klar;

Jedoch im Dunkeln lebt der Psyche Spiel.


Vielseitig ist das Sinnbild, und in Ehren —

Das Heilige erklingt in allen Sphären.

II

L’esprit est pareil au soleil, de même la raison ;

La psyché et le sentiment sont pareils à la lune.

L’esprit est jour, en lui tout est clair ;

Mais le jeu de la psyché vit dans l’obscurité.


Le symbole a plusieurs faces, et il est en honneur —

Le Sacré résonne en toutes les sphères.

Songs without Names IX
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I

The contents of thy consciousness thou must choose;

Do not be dominated by images.

Think of That which is greater than all things —

May Eternity take possession of thy being.

I

Inhalte des Bewusstseins musst du wählen;

Du sollst dich nicht vom Bild beherrschen lassen.

Denke an Das, was mehr denn alles ist —

Möge die Ewigkeit dein Sein erfassen.

I

Il te faut choisir les contenus de ta conscience ;

Ne te laisse pas dominer par l’image.

Pense à Ce qui est plus que toute chose —

Puisse ton être appréhender l’Eternité.

II

Thou shouldst not fear the emptiness of God —

Know that, in its way, the world is

Emptiness; so let God fill it —

And watch over thy heart with His Presence.


If God seems empty to thee, it is only because

Thou hast not found thy peace in Him.

II

Du sollst dich nicht vor Gottes Leere scheuen —

Erkenne, dass die Welt auf ihre Weise

Ein Leeres ist; so lasse Gott sie füllen —

Mit seiner Gegenwart dein Herz betreuen.


Wenn Gott dir leer scheint, ist es nur, weil du

Nicht in der Gottheit fandest deine Ruh.

II

Il ne te faut redouter le vide de Dieu —

Reconnais que le monde à sa façon

Est un vide ; laisse donc Dieu le remplir —

Prendre soin de ton cœur par Sa Présence.


Si Dieu te paraît vide, c’est seulement parce que

Tu n’as point trouvé ta paix dans la Divinité.

Songs without Names X
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II

Vedanta, japa, darshan — doctrine of the truth,

Invocation of the Most High,

Then contemplation of the beautiful

With a view to interiorization.

Honor be to nature, art and noble women.

II

Vedānta, Japa, Darshan — Wahrheitslehre,

Dann Anrufung des Höchsten, dann Beschaun

Des Schönen zur Verinnerlichung; Ehre

Sei der Natur, der Kunst, den edlen Fraun.

II

Védanta, japa, darshan — doctrine de la Vérité,

Puis invocation du Très-Haut, ensuite contemplation

Du Beau en vue de l’intériorisation ; gloire

Soit à la nature, à l’art et aux nobles femmes.

III

Do not agree with the person thou lovest

Only for love’s sake; be not angry

With the one thou lovest not, for no just man

Succumbs to prejudice. Stand by the truth —

Because this is the God-given duty of thy heart.

III

Recht gebe nicht dem Menschen, den du liebst,

Nur um der Liebe willen; zürne nicht

Dem Ungeliebten — denn voreingenommen

Ist kein Gerechter. Steh der Wahrheit bei —

Sie ist von Gott her deines Herzens Pflicht.

III

Ne donne pas raison à la personne que tu aimes

Rien qu’au nom de ton amour ; point de courroux

Contre celui que tu n’aimes pas — car aucun juste

N’a des préjugés. Restes-en à la vérité —

Elle est de ton cœur le devoir donné par Dieu.

Songs without Names XI
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I

A proverb says: every beginning is difficult.

This is true — but a beginning can

Also be easy: if the Holy Ghost,

With God’s grace, flows into thy pen.

I

Ein Sprichwort sagt: aller Anfang ist schwer.

Dies ist wohl wahr — jedoch ein Anfang kann

Auch mühelos sein: so, wenn der Heilige Geist,

Mit Gottes Gnad, in deine Feder rann.

I

Un proverbe dit : tout début est difficile.

C’est bien vrai — toutefois un début peut

Être aisé aussi : c’est quand le Saint-Esprit,

Avec la grâce de Dieu, s’est écoulé dans ta plume.

II

Anything that opposes God is mere appearance:

A nothingness that has some existence must be;

This is willed by the infinity of Possibility.

In the realm of universal illusion there is perfection

Only in Totality. For the Good in itself is without flaw —

So it is now, and so it ever shall be.

II

Der Gegensatz zu Gott ist bloßer Schein:

Ein Nichts, das etwas Dasein hat, muss sein,

Dies will des Möglichen Unendlichkeit —

Nur in dem Alles ist Vollkommenheit,

Im Reich des Welttrugs. Denn das Gut an Sich

Ist makellos — so jetzt, so ewiglich.

II

L’opposé de Dieu est simple apparence :

Un néant qui a quelque existence doit être,

C’est ce que veut l’Infinitude du possible —

Seul dans le Tout se trouve la perfection,

Au royaume de l’illusion universelle. Car le Bien en Soi

Est immaculé — maintenant et pour l’éternité.

Songs without Names XII
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I

Everything in life is a constant going —

There is no standstill; life is movement.

Whether thou wishest it or not — there is one goal;

And if thou art wise, thou goest toward God.

I

Alles im Leben ist ein stetes Gehen —

Da ist kein Stillstand; Leben ist Sich-Regen.

Ob du willst oder nicht — da ist ein Ziel;

Und bist du weise, gehst du Gott entgegen.

I

Tout dans la vie est une marche constante —

Il n’y a point arrêt ; la vie est un mouvement.

Que tu le veuilles ou non — il y a là un but ;

Et si tu es sage, tu vas à la rencontre de Dieu.

II

Emptiness for God, and trust in Him,

Are like two hands holding

The same jewel: our divine goal —

And may God transform our heart to light.


“And when ye sacrifice, do so with joy —

Let not the left hand know what the right hand doeth.”

What this means, reason can tell us:

In this case, only one hand is acting.

II

Leerheit für Gott und Zuversicht zu Ihm

Sind wie zwei Hände, die einmütig halten

Ein gleiches Kleinod: unser göttlich Ziel —

Und mög der Herr das Herz zu Licht gestalten.


„Und wenn du opferst, tu es wohlgemut —

Nicht wiss die Linke, was die Rechte tut.“

Was dies bedeutet, sagt uns der Verstand:

In diesem Fall wirkt nur die eine Hand.

II

Vide pour Dieu et confiance en Lui

Sont telles deux mains qui unanimement

Tiennent un même joyau : notre divin but —

Et puisse le Seigneur façonner le cœur à la Lumière.


« Et quand tu sacrifies, fais-le d’humeur joyeuse —

Que ta main gauche ignore ce que fait la droite. » 

Ce que cela signifie, la raison nous le dit :

Dans ce cas n’opère qu’une seule main.

World Wheel I
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I

The world wheel turns, and thou art the center

Because thou carriest the Spirit which contains the universe

And which is divine, without beginning, without end;

Where the point is, there is the whole world.

I

Das Weltrad dreht sich, und du bist die Mitte

Weil du den Geist trägst, der das All enthält

Und göttlich ist, ohn Anfang, ohne Ende;

Da wo der Punkt ist, ist die ganze Welt.

I

La roue cosmique tourne, et tu en es le centre

Car tu portes l’Esprit qui contient l’Univers,

Et qui est divin, sans début et sans fin ;

Là où est le point, là est le monde entier.

II

The first thing is

Piously to remember the Real; then, to accept

Whatever happens to thee as coming from God;

And then to know that thy destiny blossoms in God’s hands.

II

Das Erste ist, dich an das Wirkliche

Fromm zu erinnern. Dann: was dir geschieht,

Von Gott her anzunehmen. Dann zu wissen,

Dass dein Geschick in Gottes Händen blüht.

II

La première chose est de te souvenir

Pieusement du Réel. Puis : ce qui t’arrive,

L’accepter de la part Dieu. Ensuite savoir

Que ton destin fleurit entre Ses Mains.

World Wheel II
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I

The world wheel turns as the Lord will —

Thou canst not stop it turning.

It carries thee along with it — thou wonderest whither;

God turns it also towards Heaven’s heights.

I

Das Weltrad dreht sich, wie der Herr es will —

Du kannst es nicht verhindern, sich zu drehen.

Es trägt auch dich — du wunderst dich, wohin;

Gott wendet es auch zu des Himmels Höhen.

I

La roue cosmique tourne comme le veut le Seigneur —

Tu ne saurais l’empêcher de tourner.

Elle te porte toi aussi — tu te demandes vers où ;

Dieu la dirige aussi vers les Hauteurs du Ciel.

II

Dialectic convinces us with ideas,

So that we may understand things abstractly;

Poetry has feeling, works with images

And seeks thereby to soften the austerity of thought —

So that we may see the truth with our heart.

II

Dialektik überzeugt uns mit Ideen,

Sodass die Dinge wir abstrakt verstehen;

Die Dichtung hat Gefühl, sie wirkt mit Bildern

Und will, dadurch, des Denkens Strenge mildern —

Dass wir das Wahre mit dem Herzen sehen.

II

La dialectique nous convainc avec des idées,

De sorte que nous comprenons les choses abstraitement ;

La poésie a du sentiment, elle opère avec des images

Et veut par là adoucir la rigueur de la pensée —

Afin que nous voyions le Vrai avec le cœur.

World Wheel III
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I

The world wheel turns, for it is time,

And it stands still when all times are silent —

To awaken again when God so wills,

At the proper hour — to Him belongs the universe’s dance.

I

Das Weltrad dreht sich, denn es ist die Zeit,

Und es steht still, wenn alle Zeiten schweigen —

Um wiederzuerwachen wann Gott will,

Zur rechten Stund — Ihm ist des Weltalls Reigen.

I

La roue cosmique tourne, car elle est le temps,

Et elle s’arrête quand tous les temps se taisent —

Pour s’éveiller à nouveau quand Dieu le veut,

A l’heure adéquate — à Lui est la ronde de l’Univers.

II

The Highest Reality I call Beyond-Being —

Then comes Creative Being: it radiates in all the things

To which it gives existence; If thou art wise,

Thou wilt hear the melody of the angels’ wings.

II

Ursein nenn ich die Höchste Wirklichkeit —

Dann kommt das Sein: es strahlt in allen Dingen

Des Daseins, das es wirket; bist du weise,

Hörst du die Melodie der Engelsschwingen.

II

La Suprême Réalité, je L’appelle Sur-Être —

Puis vient l’Être : Il rayonne dans toutes les choses

De l’Existence qu’il produit ; si tu es sage,

Tu entendras la mélodie des ailes des anges.

World Wheel IV
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I

God has been called a mighty fortress;

Blessèd is he who has found his way inside —

Who, behind God’s wall, has recognized his true home,

The highest goods, and himself.

I

Man hat Gott eine feste Burg genannt;

Selig, wer seinen Weg zum Innern fand —

Wer hinter Gottes Wall das wahre Heim,

Die höchsten Güter, und sich selbst erkannt.

I

On a appelé Dieu une solide forteresse ;

Bienheureux qui a trouvé sa voie vers l’Intérieur —

Qui derrière le rempart divin a reconnu

Le vrai foyer, les biens suprêmes, ainsi que lui-même.

II

I think of God and let my cares depart —

Much idle thinking has only made them worse.

It is better I be not concerned with the world’s deceit —

If only the good God be concerned with me.

II

Ich denk an Gott, und lass die vielen Sorgen sein —

Viel eitles Denken hat sie nur verschlimmert.

Besser, ich kümmre mich nicht um den Trug der Welt —

Wenn nur der liebe Gott sich um mich kümmert.

II

Je pense à Dieu et m’abstiens des multiples soucis —

Mainte vaine pensée n’a fait que les aggraver.

Il vaut mieux ne pas me soucier de l’illusion du monde —

Pourvu que le Bon Dieu se soucie de moi.

World Wheel V
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I

Build on God and do thy duty —

Then thou wilt also find joy.

For what the Lord has given thee in thy spirit —

Thou must willingly proclaim.


Fundamentally, every heart is a messenger —

This lies in the nature of man. Whether ye know it

Or not, man’s duty has this meaning:

That in everyone there is a message.

I

Baue auf Gott und tue deine Pflicht —

Dann wirst du auch die Freude finden.

Denn was der Herr dir in den Geist gegeben —

Du musst es frohgemut verkünden.


Im Grunde ist ein jedes Herz Verkünder —

Dies liegt im Menschentum. Ob ihr es wisst,

Ob nicht — des Menschen Pflicht bedeutet, dass

In einem Jeden eine Botschaft ist.

I

Bâtis sur Dieu et accomplis ton devoir —

Alors tu trouveras aussi la joie.

Car ce que le Seigneur t’a donné dans l’esprit —

Il te faut joyeusement le proclamer.


Au fond, tout cœur est prédicateur —

C’est dans la nature même de l’homme. Que vous le sachiez

Ou non —le devoir de l’homme signifie

Qu’en chacun se trouve un message.

II

One day, I wanted to write nothing more;

The earth, I thought, revolves without me.

However: poems are not the author’s work —

The poet keeps silent; the words write themselves.

II

Ich wollte eines Tages nichts mehr schreiben;

Die Erde, dacht ich, dreht sich ohne mich.

Jedoch: Gedichte sind nicht eignes Werk —

Der Dichter schweigt; die Worte schreiben sich.

II

Un jour, je ne voulus plus rien écrire ;

La terre, pensai-je, tourne sans moi.

Toutefois : les poésies ne sont pas œuvre propre —

Le poète se tait ; les mots s’écrivent.

World Wheel VI
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I

There is the beauty that we can see or hear —

Whether it be in nature or in art;

And there is beauty in the realm of thought:

In the land of poetry, in the trails of the gods.


Every spiritual consciousness

Has an element of beauty, which we can feel;

May the blessing that radiates from the Spirit

Play on the harp-strings of our soul.

I

Es gibt die Schönheit, die wir sehen können,

Oder auch hören — sei’s in der Natur

Oder als Kunst; und dann im Raum des Denkens:

Im Land der Dichtkunst, auf der Götter Spur.


Jedwelches geistige Bewusstsein hat

Ein Element von Schönheit, das wir fühlen;

Möge der Segen, der vom Geiste strahlt,

Auf Harfensaiten unsrer Seele spielen.

I

Il y a la beauté que nous pouvons voir,

Ou bien entendre — que ce soit dans la nature

Où en tant qu’art ; puis dans l’espace de la pensée :

Au pays de la poésie, sur la trace des dieux.


Chaque mode de conscience spirituelle a

Un élément de beauté que nous percevons ;

Puisse la bénédiction qui rayonne de l’Esprit

Jouer sur les cordes de harpe de notre âme.

II

A beginning is the beginning of an end,

And every end was once a beginning;

Whatever is in time, was first a kernel,

Then blossomed, then approached its end —

And above it stood the star of its existence.

II

Ein Anfang ist der Anfang eines Endes,

Und jedes Ende war ein Anbeginn;

Was in der Zeit ist, war zuerst ein Kern

Und blühte dann, und floss zum Ende hin —

Und über ihm stand seines Daseins Stern.

II

Un début est le début d’une fin,

Et toute fin fut une origine ;

Ce qui est dans le temps fut d’abord un noyau

Qui s’épanouit ensuite et s’écoula vers sa fin —

Et au-dessus de lui se tenait l’étoile de son existence.

World Wheel VII
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I

Nothing on earth can be better

Than a heartfelt, inward prayer —

Be it only a single word

That never passes away.


Were there but one person in the world

To think of the Most High —

It would be more than if one gave

Thee the whole of the Alhambra.

I

Auf Erden kann nichts Bessres sein

Als ein inniges Gebet —

Und sei es nur ein einzig Wort

Das nimmermehr vergeht.


Und wär nur einer in der Welt

Des Höchsten zu gedenken —

Es wäre mehr, als würde man

Dir die Alhambra schenken.

I

Rien sur terre ne peut être meilleur

Qu’une ardente prière —

Et ne serait-ce qu’un mot unique

Qui ne disparaît jamais plus.


Et s’il n’était dans le monde qu’un seul

A se souvenir du Très-Haut —

Ce serait davantage que si

L’on te donnait l’Alhambra.

II

If one had made it difficult for someone

To find repose in the grace of prayer —

It is as if, in the night, one had stolen

The best from him — yea, his very soul.


An angel comes down to earth and looks to see

If somewhere there is a call to Heaven —

If someone here below forgets not the Lord;


For the All-Merciful is waiting, so that with the treasure

Of His Graces, He may bend down towards earth.

II

Hätte man’s einem Menschen schwer gemacht

Sich in des Betens Gnade zu erholen —

Es ist, als hätte man ihm über Nacht

Das Beste — ja die Seele selbst gestohlen.


Ein Engel kommt zur Erd herab und sucht

Ob irgendwo ein Ruf zum Himmel steige —

Ob man hienieden nicht den Herrn vergisst;


Denn der Erbarmer harret, dass Er sich

Mit seiner Gnade Schatz zur Erde neige.

II

Si l’on avait rendu difficile à quelqu’un

Le repos dans la grâce de la prière —

C’est comme si la nuit on lui avait

Volé le meilleur — et jusqu’à l’âme même.


Un ange descend sur terre et cherche

Si quelque part un appel monte vers le Ciel —

Si l’on oublie pas le Seigneur ici-bas ;


Car le Miséricordieux attend pour Se pencher

Sur la terre avec le trésor de Sa grâce.

Road to the Heart (includes The Garland)
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The River

Without beginning is the river’s start:

It rises from the mountain’s unknown ground

And seeks the endless. So the wise man’s heart:

The river flows; its end is never found.


Neither the mountain nor the sea can limit

The river’s song. Love flows from God to God;

Forms have an end, yet timeless is the Spirit.

Creation

They think that out of nothing God has made

The Universe, and that it is His shade —

Less than reality, more than a play.

The world is real and unreal, so to say.


The hidden Treasure never had been shown;

God made the world, He wanted to be known.

Recueils de poésies en français Contenu: 10 Livres
Recueils de poésies en anglais Contenu: 8 Livres


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